La poire « Belle Hélène » n’a qu’un rapport très lointain avec la guerre de Troie. Cette recette a été créée au moment où l’opéra comique d’Offenbach du même nom a vu le jour en 1864 à Paris. La « Belle Hélène » était la plus belle femme du monde que devait recevoir Pâris en récompense de son choix d’Aphrodite (voir Une pomme et beaucoup de pépins). Mais qui était-elle donc et en quoi a-t-elle contribué à la guerre de Troie.
Une ascendance divine et une fratrie compliquée
Hélène était la fille de Léda qui était mariée au roi de Sparte, Tyndare. Mais elle attira la concupiscence de Zeus qui, voulant la séduire, se transforma en cygne. De cette union allait naître Hélène.
La naissance fut conditionnée par le moyen de conception et Léda pondit deux œufs! Du premier, issus de Zeus, sortirent Hélène et Pollux. Dans l’autre, les enfants de Tyndare, conçus la même nuit, se trouvaient Castor et Clytemnestre. Il existe plusieurs traditions concernant la répartition des quatre enfants.
Une beauté qui se révèle être une malédiction
Hélène devint d’une beauté extraordinaire. Alors qu’elle était encore enfant ou adolescente, elle fut remarquée par Thésée ( célèbre pour avoir tué le Minotaure) qui décida de l’enlever. Il l’emmena en Attique, mais ses deux frères, Castor et Pollux (les Dioscures) vinrent à sa rescousse et la ramenèrent à Sparte. La scène de l’enlèvement par Thésée se trouve sur une mosaïque au sol (8m x 2m) sur le site de Pella, ex-capitale du royaume de Macédoine et lieu de naissance d’Alexandre le Grand. Malheureusement, elle est fort endommagée et difficile à photographier.
A gauche, Thésée a pris Hélène par la taille. Elle se tourne vers son amie en lui tendant les bras (on distingue sa tête, ses deux bras, et ses jambes). A droite, son amie, également le bras tendu, essaie de la retenir en vain.
Un cocher se tient prêt à emmener Thésée et Hélène. Son nom, Phorbas, est inscrit à côté de son visage et a permis l’identification de cet épisode (les rapts féminins sont légion dans la mythologie grecque!).
Cette stèle se trouve dans le musée de Sparte. Elle représente Hélène avec ses deux frères, les Dioscures. Elle porte une couronne, décrite comme ressemblant à un panier. L’œuvre est décrite comme datant du 1er siècle avant J.-C., malgré une facture un peu grossière. Le culte d’Hélène semble avoir été une des spécificités de Sparte.
La beauté d’Hélène causa encore des problèmes lorsqu’il s’agit de lui trouver un mari, car les prétendants à sa main et à la couronne de Sparte, étaient fort nombreux et affluèrent de toute la Grèce. Le choix final se porta sur Ménélas, frère du roi de Mycènes, Agamemnon. Cependant, pour prévenir toute tentative de vengeance de la part d’un prétendant éconduit, Ulysse, le rusé, proposa que tous ceux qui s’étaient portés sur les rangs jurent fidélité à Ménélas et promettent de lui porter secours si jamais Hélène se trouvait en danger, ce qui fut fait.
Pâris arrive à Sparte : une « relation consentie » ou pas?
Pâris arrive à Sparte : c’est là où va se nouer le drame que tous ces préambules ont décrit. Hélène est bien la femme qui lui a été promise par Aphrodite. Profitant de l’absence de Ménélas, l’infortuné mari, Paris va s’emparer d’Hélène ou bien l’inviter ( les deux versions semblent exister) et le couple va partir vers Troie.
Un amour parfait?
ou un enlèvement?
Ces trois représentations étrusques du musée de Volterra montrent bien Hélène enlevée contre son gré.
Le début d’une guerre sanglante
L’enlèvement d’Hélène était un camouflet que le mari trompé ne pouvait accepter. Fort du serment prêté par tous les ex-prétendants, Ménélas, et surtout son frère, Agamemnon, convoquent tous les rois et leurs armées pour aller récupérer Hélène et venger l’honneur de Ménélas.
Qu’est-il advenu d’Hélène?
Il existe plusieurs versions. L’une des plus étonnantes serait qu’Hélène ait été remplacée par un double et qu’elle ait passé les dix ans qu’ont duré la guerre en Egypte.
Dans d’autres versions, elle serait allée à Troie et aurait peut-être compris le stratagème du cheval dans lequel s’étaient cachés les guerriers grecs, mais rien ne permet de dire si elle a mesuré l’importance de son geste en se rendant à Troie. Elle semble mélancolique dans ce tableau de Gustave Moreau, intitulé « Hélène sur les remparts de Troie ».
Après la guerre, elle serait rentrée à Sparte et aurait rejoint Ménélas. Certaines traditions disent qu’il était prêt à la tuer, mais, en la revoyant, il aurait été désarmé par sa beauté et l’aurait pardonnée. Dans les exemples ci-dessous, un grec et un étrusque, on a interprété le geste de la main d’Hélène comme étant la demande du pardon de Ménélas.
Son histoire est donc bien compliquée. L’œuvre ci dessous se trouve dans les musée de Sparte : c’est la base d’une pyramide et les deux côtés représentent une femme, enlacée par un homme, l’autre une femme menacée par un homme tenant une épée. On en a déduit que l’un des côtés représentait Hélène et Pâris, l’autre Hélène et Ménélas.
Une belle histoire, bien illustrée ! Je m’instruis !
Superbe Bravo pour l’iconographie exceptionnelle